L’Organisation non gouvernementale
franco-suisse Groupe de réalisation et d’accompagnement pour le développement
(Grad) basée à Genève en Suisse, s’active depuis plus d’une trentaine
d’années à promouvoir les organisations paysannes en Afrique de l’Ouest. En
plein boom technologique avec Facebook et les smartphones, Benoit Lecomte, chargé
de programme à Grad n’imagine pas que 66% de la population africaine que
représentent les paysans soient du reste.
Benoit Lecomte, Chargé de programme à l'Ong Grad lors de sa visite au Bénin (17 mai 2014) |
Présentez-nous brièvement l’Ong Grad.
Depuis
1978 que notre Ong Groupe de Réalisation et d’Accompagnement pour le Développement
(Grad) existe, nous travaillons sur deux principaux axes. Notre premier axe
c’est la publication et l’édition de matériels pédagogique et ludique sur la
solidarité internationale et le développement durable. Il s’agit des livres de
contes, des bandes dessinées, de tous les âges surtout centrés sur la
sensibilisation, la formation aux enjeux de solidarité internationale et de
développement durable. Notre deuxième axe s’articule autour de l’écoute et l’appui
à la communication pour le développement au profit des Organisations paysannes.
A ce niveau, nous nous intéressons à stimuler, de faire réfléchir pour voir
comment ces organisations petites ou grandes peuvent utiliser les moyens de
communication en vue de renforcer les compétences de leurs membres. Notre
motivation est donc de promouvoir les Organisations paysannes en Afrique de
l’ouest.
Dans quel cadre se situe votre visite au
Bénin ?
Avec
le Réseau des organisations et producteurs paysans d’Afrique (Roppa), notre
partenaire privilégié en Afrique subsaharienne, nous avons initié une tournée
d’information, de sensibilisation, et d’initiation des plates formes nationales
et leurs fédérations membres sur l’arrivée d’un nouveau support de
communication assez révolutionnaire pour l’Afrique de l’ouest. Ce support c’est
la jointure entre les Smartphones qui commencent à envahir l’Afrique et
l’utilisation de Facebook comme un outil de bureau, de facilitation de la
communication. Notre vision c’est que d’ici 10 ans tous les paysans
ouest-africains auront un Smartphone solaire connecté depuis leur champ.
Mais en quoi Facebook peut-il vraiment
révolutionner le développement rural ?
Nous
avons repéré il y a 4 ou 5 ans que Facebook est un outil intéressant très
pratique pour communiquer entre paysans. Les gens se sont rendu compte
qu’effectivement Facebook était un puissant outil de travail et non juste réservé
pour faire la tchatche ou s’amuser entre amis. Grâce à la puissance de
Facebook, les paysans peuvent partager des informations, des expériences et
échanger sur les innovations. Avec un Smartphone connecté à Facebook vous avez
tout le savoir moderne du monde chez vous. Les paysans peuvent même produire
leur propre contenu en enregistrant de l’audio, en publiant des photos, des
vidéos ou du texte pour partager des réalités paysannes à l’endroit de
l’Afrique et du monde entier. Et puis il y a tout un contexte qui évolue dans
ce sens de paysan connecté dans son champ. Il est un fait aujourd’hui que
Facebook et le Smartphone sont à la mode et s’imposent progressivement presque
à tout le monde à commencer par les élites en ville et les populations
rurales. On constate aussi que les prix des équipements pour faire Facebook
deviennent vraiment très abordables mais aussi le prix de la connexion internet
baisse de plus en plus en Afrique. Par exemple au Nigéria, 81% des
communications effectuées sur internet sont faites à partir de téléphone mobile
comme les Smartphones.
Alors sur quel levier doit-on appuyer
pour que la connectivité à Internet en milieu rural s’accélère ?
Je pense que grâce à l’engagement économique
et financier très fort des opérateurs de téléphonie mobile qui se battent
vraiment pour essayer de développer leur marché, d’atteindre de nouvelles zones
géographiques et même de couvrir l’Afrique, la connectivité à internet avance
bien. Il y a aussi que de part les évolutions technologiques, on pense que la
vision d’un paysan connecté en Afrique de l’ouest a changé. Par exemple, par la
volonté d’avoir un Smartphone, cela peut amener de la lumière dans une zone.
Car on voit maintenant de plus en plus que c’est le besoin pour le paysan de
charger la bactérie de son téléphone portable qu’il fait amener de la lumière
chez lui avec les chargeurs solaires mixtes. Maintenant c’est à nous les communicateurs
pour le développement rural de avoir comment faire approprier cet outil aux
paysans. Car il ne suffit d’avoir accès à la culture pour être cultivé ;
il faut se l’approprier. A cet effet, il faut qu’on trouve les moyens pour
amener ces paysans à produire aussi du contenu et non seulement consommer du
savoir.
Mais comment faire face aux difficultés
linguistiques d’utilisation de Facebook par des paysans analphabètes ?
Facebook
n’a jamais été fait pour parler uniquement en Français ou en Anglais. Il existe
des groupes sur Facebook qui communiquent en fulfulbé, en Wolof, etc. Je pense
qu’il pourrait avoir aussi des sites ou groupes Facebook dans les langues
nationales du Bénin. Il faut savoir que le moteur pour les paysans va être
économique ; soit pour connaître les prix sur le marché, soit pour contacter
les clients ou joindre leur famille. Le plus important c’est le contenu que les
paysans veulent partager et c’est à eux de décider de la ou des langues qui s’y
adaptent. C’est un défi intéressant qui fait suite aux gros efforts déjà accomplis
en matière d’alphabétisation en Afrique.
Propos recueillis par Mikaïla ISSA
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